Dorrottya Szikra et Eszter Varsa. Un eugénisme socialiste ?

Condamnée en Union soviétique, à partir de 1930, comme “doctrine bourgeoise” et comme “science fasciste”, l’eugénisme a longtemps été considéré comme étranger à l’histoire des pays dits du “socialisme réel”. Pourtant, ces dernières années, des recherches portant sur les politiques de population dans diverses configurations nationales d’Europe de l’Est ont remis en cause cette vulgate historiographique. Il en va ainsi des enquêtes menées par Dorottya Szikra et Eszter Varsa, à l’Université d’Europe centrale (Vienne). Dans cet entretien mené par Lucia Direnberger et Isabelle Gouarné, elles présentent le dossier  “Reproductive politics and sex education in Cold War Europe” qu’elles ont coordonné pour la revue The History of family en 2020. Focalisé sur les cas hongrois, tchécoslovaque, polonais ou roumain, ce numéro examine comment des référentiels eugénistes ont pu être redéployés dans l’Europe socialiste après la Seconde Guerre mondiale.

1/ Comment émerge la question de l’eugénisme en Europe de l’Est dans la littérature scientifique ?

La plupart des recherches qui porte sur l’eugénisme et sur les politiques de contrôle de la reproduction en Europe centrale, orientale et du Sud-Est s’arrêtent à la Seconde Guerre mondiale. Elles ne traitent que marginalement de la question des continuités – des pratiques et des discours – à partir de la seconde moitié des années 1940 (Promitzer et al., 2011 ; Szegedi, 2012 ; Turda, 2013 ; Turda & Weindling, 2007). Alors que l’histoire de l’éducation sexuelle et des politiques de population dans les contextes du socialisme d’État ont fait l’objet d’un nombre croissant d’études, ce n’est que récemment que des chercheurs ont révélé la (ré)apparition de l’eugénisme après la fin de la Seconde Guerre mondiale (Kuźma-Markowska, 2011 ; Lišková, 2018 ; Melegh, 2011 ; Prajerova, 2019 ; Shmidt, 2019 ; Szamosi, 2018 ; Szegedi, 2014 ; Varsa, 2017).

Le manque d’attention à cette question est surprenant à la lumière du nombre important de recherches interrogeant la continuité de la référence eugénique dans les discours, les politiques et les pratiques de contrôle de la reproduction aux États-Unis comme en Amérique du Sud, en Europe du Nord et de l’Ouest après la guerre. Ces recherches ne se contentent pas d’établir que l’eugénisme a survécu après la Seconde Guerre mondiale et au discrédit dont il pouvait alors faire l’objet, elles insistent sur le fait qu’il a pris d’autres formes par rapport à l’avant-guerre.

Ces recherches, focalisées sur l’Ouest ou l’Amérique latine, soulignent que l’eugénisme relève d’une “histoire continue de transformation en matière de politique, de science, de technologie et de politique” selon les termes de Bashford (2010, p. 542). Il est également important de noter que l’eugénisme a connu de nombreuses formulations depuis ses débuts au XIX^e siècle (Wecker, 2012 ; Weindling, 1993), ce qui a entraîné une variété de transformations : différentes “connexions au fil du temps” ont ainsi caractérisé ses reconfigurations après la guerre (Bashford, 2010, p. 540, 552 ; Miranda, 2018).

Le numéro spécial de The History of the Family 25. No. 4 (2020) que nous avons coordonné, intitulé “Reproductive politics and sex education in Cold War Europe”, vise donc à combler ce vide historiographique sur l’Europe centrale, orientale et du Sud-Est. Il examine pour cela les trajectoires de l’eugénisme en Roumanie, Hongrie, Pologne, Tchécoslovaquie, Autriche après la Seconde Guerre mondiale. Il met en lumière les différentes manières dont des référentiels eugénistes s’y sont entremêlés avec les discours et politiques de population et d’éducation sexuelle, en Europe de l’Est et de l’Ouest. Les articles de ce numéro spécial ont donc beaucoup à dire sur le “nouvel eugénisme” dans l’Europe de l’après-guerre.

 

2/ Comment se manifestent les résurgences de référentiels eugénistes dans l’Europe d’après-guerre ?

D. S. et E. V. : Dans ce dossier, Eszter Varsa (2020) explique comment, en Autriche et en Hongrie, les concepts eugéniques de “qualité” de la population et de naissance “saine” ont été ravivés pendant la guerre froide dans les politiques de planification familiale et les discours démographiques qui leur étaient associés. Alors que les idées eugéniques dites “positives” ont favorisé la promotion de la natalité parmi les classes sociales éduquées dans les deux pays, les autorités autrichiennes se sont efforcées de contrôler la fécondité des immigrants du Sud et les autorités hongroises ont cherché à réduire la fécondité des populations roms.

Un autre cas exemplaire est présenté dans l’article d’Hana Hašková et Radka Dudová (2020). Elles expliquent en détail comment la légalisation de l’avortement au milieu des années 1950 en Tchécoslovaquie a été obtenue en partie sur la base d’arguments eugéniques. Il en va de même avec l’instauration du dépistage médical prénatal et des technologies de procréation assistée. Ces nouvelles politiques de l’après-guerre, qui visaient à promouvoir la fertilité des mères “méritantes” tout en limitant celle des autres, étaient historiquement liées à l’eugénisme.

Un autre aspect souvent négligé du “nouvel eugénisme” a été la discussion sur l’avortement en termes de “bénéfice”. L’objectif était de s’assurer que seuls naîtraient les enfants qui seraient correctement pris en charge. En ce qui concerne le contexte états-unien, Bashford (2010) a souligné que cet aspect du débat sur l’avortement, par ailleurs très discuté, n’a pas fait l’objet de recherches approfondies. Les travaux sur l’histoire des politiques reproductives dans l’Europe socialiste avaient déjà attiré l’attention sur le fait que les arguments mobilisés en faveur de la légalisation de l’avortement visaient à garantir la santé des femmes et des naissances “saines” (Hilevych & Sato, 2018 ; Ignaciuk, 2014, 2019). S’appuyant sur des recherches antérieures (Prajerova, 2019), Hašková et Dudová (2020) poussent plus loin cette analyse en identifiant ces arguments en faveur de l’avortement à un héritage eugénique.

Les recherches menées ont également mis en évidence deux autres moyens d’assurer la continuité des arguments eugéniques dans les pays socialistes – moyens similaires, à bien des égards, à ceux des démocraties occidentales. Comme aux États-Unis, en Europe de l’Ouest et du Nord, a été soulignée la distorsion que le national-socialisme avait fait subir à l’eugénisme, pour mieux se démarquer des usages nazis et assurer ainsi sa survie après la guerre (Kuře, 2018 ; Kuźma-Markowska, 2011 ; Żok & Baum, 2018). En outre, comme l’a noté le spécialiste de la bioéthique Enikő Demény (2018), dans le contexte hongrois, la rhétorique d’avant-guerre évoquant “la notion contestée d’eugénisme” et ses associations négatives a été abandonnée.

Un second facteur qui a assuré la survie de l’eugénisme après la guerre dans certains contextes socialistes a été l’existence continue d’organisations qui, fondées dans la période de l’entre-deux-guerres, ont maintenu leurs arguments eugéniques après 1945 (Kuźma-Markowska, 2011 ; Lišková, 2018 ; Szamosi, 2018 ; Szegedi, 2012, 2014 ; Turda, 2013). Sylwia Kuźma-Markowska (2019) examine dans ce numéro spécial comment la politique reproductive antinataliste polonaise entre le milieu des années 1950 et les années 1960 s’est construite dans la lignée du mouvement polonais de contrôle des naissances d’avant-guerre organisé par la Société de la maternité consciente : celle-ci a assuré, après la guerre, avec le soutien de l’État socialiste, la promotion de la planification familiale antinataliste basée sur des idées eugéniques.

 

3/ Comment l’ethnicité et la race sont-elles liées au “nouvel eugénisme” ?

Le “nouvel eugénisme” de l’après-guerre est articulé à l’ethnicité et à la race de manière plus subtile et plus discrète que l’eugénisme d’avant la Seconde Guerre mondiale. Mais comme auparavant, il peut impliquer des politiques “positives” et “négatives”, que ce soit par la restriction des prestations familiales à certaines catégories de population, un dépistage médical prénatal, des conseils génétiques aux parents et des pratiques médicales sélectives, telles que l’avortement. Bien que l’ethnicité ne soit pas explicitement mentionnée dans les textes politiques des États socialistes, les cas de stérilisations forcées en Tchécoslovaquie montrent que les termes “non méritant” et “dégénéré” font souvent référence aux familles roms (Sokolová, 2008 ; Donert, 2017). Les politiques pro-natalistes sélectives en Hongrie ou en Roumanie n’ont jamais explicitement ciblé les Roms ou d’autres minorités, comme les Hongrois en Roumanie : elles étaient, au contraire, orientées vers la population majoritaire et dominante.

À partir des années 1970, en Hongrie, les professionnels de la santé effectuaient des recherches et proposaient des conseils aux parents afin de favoriser la naissance d’ “enfants en bonne santé”. Pour ce faire, les parents devaient être examinés en fonction de leurs maladies et de leurs caractéristiques génétiques. De même, à partir des années 1970 et jusqu’aux années 2000, les politiques familiales en Hongrie se sont généralement concentrées sur la naissance d’enfants “désirés” devant être élevés par des parents “responsables”. La famille idéale décrite dans la propagande de l’État a toujours été blanche et de classe moyenne, avec deux ou trois enfants. La photographie ci-dessous est celle d’une famille “responsable”. La voiture est là pour témoigner de leurs moyens économiques suffisants pour élever un enfant. Ces cas illustrent la présence implicite et sous-jacente d’idées “pro-natalistes sélectives”, qui étaient en fait eugéniques.

 

 

4/ Peut-on parler d’un “eugénisme socialiste” ?

Outre les similitudes, les recherches existantes ont aussi permis d’établir les différences entre les pratiques de ce “nouvel eugénisme” dans l’Europe socialiste et leurs équivalents occidentaux. Les articles du numéro spécial que nous avons publié mettent l’accent sur trois points en particulier : le remplacement du racisme manifeste par des formes cachées de discrimination raciale qui, dans plusieurs contextes nationaux d’après-guerre, visaient, on l’a vu, explicitement les Roms ; l’adaptation de l’eugénisme à l’idéologie marxiste et au socialisme d’État ; enfin, l’importance des relations professionnelles transnationales assurant le transfert des idées eugéniques dans le cadre des politiques de planning familial mises en œuvre par l’État.

Sur ce dernier point, les recherches sur l’eugénisme d’après-guerre ont établi l’importance des connexions transnationales entre diverses organisations européennes, transatlantiques ou mondiales et les pays d’Europe centrale, orientale et du Sud-Est. En ce qui concerne la résurgence de l’eugénisme en Grèce après la Seconde Guerre mondiale, Barmpouti (2019) a souligné, par exemple, que “l’encouragement étranger a été décisif à la fois pour la création de la Société eugénique hellénique” dans les années 1950 et pour le déploiement de référentiels eugénistes (p. 11).

De même, pour la Pologne, Kuźma-Markowska (2011) a soutenu que l’idée de la stérilisation comme mesure contraceptive a été introduite par le biais des contacts professionnels de l’organisation polonaise de contrôle des naissances avec des organisations internationales de planification des naissances. Faisant référence à certains pays d’Europe occidentale, où la stérilisation était une méthode légale de contrôle des naissances, les acteurs polonais plaidèrent pour la légalisation de la stérilisation volontaire : ils affirmèrent qu’une telle mesure renforcerait la liberté de procréation et étendrait ainsi les droits et libertés civils en Pologne (Kuźma-Markowska, 2011, p. 111). Kateřina Lišková et al. (2019) soulignent également que les conférences et les échanges entre les experts polonais, tchécoslovaques et hongrois ont favorisé la diffusion transnationale des idées liées à l’éducation sexuelle. Plus encore, leur article présente comment les séminaires organisés par les Nations unies en Finlande et en Tchécoslovaquie au début des années 1970 ont favorisé des idées telles qu’une plus grande tolérance pour les comportements sexuels non orientés dans un but procréatif et la nécessité de la planification familiale, y compris sous la forme du contrôle des naissances, afin de préparer les jeunes adultes à la “responsabilité” maritale et parentale.

Enfin, comme l’explique Corina Doboş (2020) dans ce numéro spécial, les conférences des Nations unies sur la population, comme celle de Bucarest en 1974, ont été le théâtre d’affrontement entre points de vue opposés sur les politiques démographiques des pays situés de part et d’autre du rideau de fer. Toutefois, elles ont aussi été un moyen, pour les scientifiques et professionnels de santé des pays de l’Est qui y participaient, de défendre leurs propres intérêts. Ces réseaux intellectuels mondiaux ont, par exemple, contribué à institutionnaliser la démographie en tant que discipline scientifique importante dans la Roumanie socialiste, et par là à véhiculer les référentiels eugénistes qui étaient associés à cette science nouvelle. Nous pouvons donc conclure que les organisations internationales (comme l’ONU et les organisations mondiales de planification des naissances) ont été une ressource pour les promoteurs de politiques différenciées de contrôle de la reproduction dans l’Europe socialiste, et ce de deux manières : par la circulation transnationale des idées et des instruments de contrôle de la procréation qu’elles ont rendues possibles, et aussi en tant que source de légitimation.

 

Pour citer ce billet :

Ezster Varsa et Dorrotya Szrikra, Lucia Direnberger, Isabelle Gouarné,  2023, « Questions à  Ezster Varsa et Dorrotya Szrika. Un eugénisme socialiste ? », Le Carnet d’Eugene, https://eugene.hypotheses.org/866

 

Bibliographie

Barmpouti, A. (2019). Postwar eugenics: Reproductive choices and population policies in Greece, 1950s–1980s. Palgrave Macmillan.

Bashford, A. (2010). Epilogue: Where did eugenics go? In A. Bashford & P. Levine (Eds.), The Oxford handbook of the history of eugenics (pp. 539–558). Oxford University Press.

Demény, E. (2018). From eugenics and “race protection” to preventive medicine and family planning in Hungary. In M. Moskalewicz & W. Przybylski (Eds.), Understanding Central Europe (pp. 498–507). Routledge.

Doboş, C. (2020). Disciplining births: Population research and politics in communist Romania. TheHistory of the Family. http://doi.org/10.1080/1081602X.2020.1807384

Donert, C. (2017). The rights of the Roma: The struggle for citizenship in postwar Czechoslovakia. Cambridge University Press. doi:10.1017/9781316811641

Haškova, H., & Dudova, R. (2020). Selective pronatalism in childcare and reproductive health policies in Czechoslovakia. The History of the Family. https://doi.org/10.1080/1081602X.2020.1737561

Hilevych, Y., & Sato, C. (2018). Popular medical discourses on birth control in the Soviet Union during the Cold War: Shifting responsibilities and relational values. In A.-K. Gembries, T. Theuke, & I Heinemann (Eds.), Children by choice? Changing values, reproduction and family planning inthe 20th century (pp. 99–122). De Gruyter.

Ignaciuk, A. (2014). “Clueless about contraception:” The introduction and circulation of the contraceptive pill. Medicina nei Secoli. Arte e Scienza, 26(2), 509-535.

Ignaciuk, A. (2019). No man’s land? Gendering contraception in family planning advice literature in state-socialist Poland (1950s-1980s). Social History of Medicine, https://doi.org/10.1093/shm/hkz007

Kuře, J. (2018). Sterilization in the name of public health. In M. Moskalewicz & W. Przybylski (Eds.), Understanding Central Europe (pp. 481–489). Routledge.

Kuźma-Markowska, S. (2011). An unexpected continuity: Voluntary and compulsory sterilization in the rhetoric of the pre- and post-World War II Polish birth control movement. East Central Europe, 38(1), 97–114. https://doi.org/10.1163/187633011X570792

Kuźma-Markowska, S. (2019). Marx or Malthus? Population debates and the reproductive politics of state-socialist Poland in the 1950s and 1960s. The History of the Family. https://doi.org/10.1080/1081602X.2019.1702889

Liškova, K. (2018). Sexual liberations, socialist style: Communist Czechoslovakia and the science of desire, 1945–1989. Cambridge University Press.

Liškova, K., Jarska, N., & Szegedi, G. (2019). Sexuality and gender in school-based sex education in Czechoslovakia, Hungary and Poland in the 1970s and 1980s. The History of the Family. https://doi.org/10.1080/1081602X.2019.1679219

Melegh, A. (2011). Living to ourselves: Localising global hierarchies in state-socialist Hungary in the 1970s and 1980s. Journal of Modern European History, 9(2), 263–283. https://doi.org/10.17104/1611-8944_2011_2_263

Miranda, M. A. (2018). Late eugenics in Argentina and its family stereotype, second half of the twentieth century. Hist Cienc Saude Manguinhos, 25(1), 33–50. https://doi.org/10.1590/S0104-59702018000300003

Prajerova, A. (2019). Developing the new socialist Czechoslovak state: Abortion, eugenics, and the politics of choice between 1945 and 1962. Canadian Slavonic Papers, 61(2), 203–224. https://doi.org/10.1080/00085006.2019.1596516

Promitzer, C., Trubeta, S., & Turda, M. (Eds.). (2011). Health, hygiene and eugenics in Southeastern Europe to 1945. CEU Press.

Shmidt, V. (2019). The forced sterilization of Roma women between the 1970s and the 1980s: The rise of eugenic socialism. In V. Shmidt (Ed.), The politics of disability in interwar and socialist Czechoslovakia: Segregating in the name of the nation (pp. 177–200). Amsterdam University Press.

Sokolova, V. (2008). Cultural politics of ethnicity: Discourses on Roma in communist Czechoslovakia. Ibidem Verlag.

Szamosi, B. (2018). The legacy of eugenic discourses in the history of Hungarian medicine [Doctoral dissertation]. Central European University.

Szegedi, G. (2012). Dangerous liaisons: Marriage counselling as an early discourse and practice of biopolitics in Hungary. Kaleidoscope: Journal of History of Culture, Science and Medicine, 3(5), 286–306. doi:10.17107/KH.2012.5.286-306

Szegedi, G. (2014). Good health is the best dowry: Marriage counseling, premarital examinations, sex education in Hungary [Doctoral dissertation]. Central European University.

Turda, M. (2013). In pursuit of greater Hungary: Eugenic ideas of social and biological improvement, 1940–1941. Journal of Modern History, 85(3), 558–591. https://doi.org/10.1086/670822

Turda, M., & Weindling, P. J. (Eds.). (2007). Blood and homeland: Eugenics and racial nationalism in Central and Southeast Europe, 1900–1940. CEU Press.

Varsa, E. (2017). “The Gypsy population is constantly growing:” Roma and the politics of reproduction in Cold War Hungary. In H. Karge, F. Kind-Kovacs, & S. Bernasconi (Eds.), From the midwife’s bag to the patient’s file: Public health in Eastern Europe (pp. 263–292). CEU Press.

Varsa, E. (2020). Sex advice East and West: Sex education and family planning in Cold War Austria and Hungary. The History of the Family, 1–22. https://doi.org/10.1080/1081602X.2019.1702890

Wecker, R. (2012). Eugenics in Switzerland before and after 1945 – A continuum? Journal of Modern European History, 10 (4), 519-539. doi:10.17104/1611-8944_2012_4_519

Weindling, P. (1993). The survival of eugenics in 20th-century Germany. American Journal of Human Genetics, 52(3), 643–649. PMCID: PMC1682156

Żok, A., & Baum, E. (2018). Eugenics in the Polish context: From racial hygiene to new genetics. In I. Moskalewicz & W. Przybylski (Eds.), Understanding Central Europe (pp. 490–497).

 

 

 

 

 

---

---